Pour aider les autres dans des situations d’urgence et participer à des opérations de sauvetage, il faut être aussi à l’aise avec l’équipement qu’avec les techniques de sauvetage. Chez Altimum Formation SA, ces deux aspects sont enseignés et entraînés lors de la certification ITRA. Un témoignage.
Un jeudi matin, mi-juin 2024 : l’activité autour du centre d’entraînement Altimum à Palézieux (VD) est intense dès les premières heures du jour. Des motos et des voitures s’engagent sur le parking où se trouve également le bus de la protection civile vaudoise. Mais aucune trace de l’équipe de quatre personnes venue suivre l’entraînement ITRA. Du moins pas encore. Patrice Schlatter, l’instructeur, guigne alors par une porte entrouverte et s’exclame : « Ils sont déjà à l’intérieur » !
Un coup d’œil sur l’horloge : 07h38. Le cours commence à 08h00, mais en entrant dans la salle de cours, les quatre sont déjà là. « Ils sont vraiment motivés », dit Patrice avec un sourire, et l’un des participants rétorque : « C’est vrai, mais nous avons aussi beaucoup de choses à faire ». On veut bien le croit en entrant dans la salle. À gauche, près de la fenêtre se trouve un mannequin équipé d’un équipement de protection. Sur les murs sont accrochées différentes affiches montrant des processus d’assurage avec corde. Sur les tables des participants se trouvent des classeurs avec la documentation, devant eux des blocs-notes et des tablettes. Vingt minutes avant le début officiel du cours, les participants feuillettent déjà les informations, glissant çà et là une petite blague ou une anecdote des jours précédents. L’ambiance est détendue. Pourtant, les visages des participants révèlent la masse de travail avalée ces derniers jours. Les yeux sont fatigués. Après tout, l’entraînement a commencé lundi matin et Patrice ne ménage pas le quatuor, bien au contraire. « En principe, ils savent de quoi il s’agit. Ils ont leur matériel et leurs procédures. Ce sont des professionnels. Je suis là pour mettre l’accent sur les détails, donner des indications et remettre en question. Mon objectif est de les rendre meilleurs. Ils sont là de leur plein gré. La loi n’exige pas qu’ils acquièrent cette certification. Mais ils le veulent vraiment. On le voit aussi au fait qu’ils sont là si tôt ».
Patrice Schlatter, formateur ITRA chez Altimum Formation SA donne, aux participants, une vue d’ensemble sur le programme de la journée.
La sécurité est primordiale pour les travaux en hauteur et une formation est donc nécessaire. Altimum Formation SA propose des formations également dans ce domaine. Différents cours peuvent être suivis. L’accent est mis sur l’utilisation des EPI contre les chutes. Et bien sûr la certification IRATA, qui permet d’apprendre et de s’exercer à la bonne utilisation des systèmes d’accès sur corde. La base juridique actuelle est expliquée, les dangers liés à l’utilisation des EPI contre les chutes sont examinés et les catégories d’EPI contre les chutes et leurs d’applications sont étudiées. Il en va de même pour les déplacements en hauteur. C’est pourquoi Patrice considère la certification IRATA comme une base appropriée pour passer ensuite la certification ITRA, qui est spécialement conçue pour répondre aux besoins et aux exigences des sauveteurs et des techniciens ayant des intérêts similaires.
Connaissances théoriques comme base solide
Comme chaque matin, Patrice commence par une séance de questions-réponses. En cet avant-dernier jour de cours, il s’agit de clarifier les dernières incertitudes, car l’examen est prévu pour demain. Les choses sérieuses commencent ensuite. Un expert viendra des Pays-Bas pour tester les compétences de la protection civile vaudoise. Patrice passe en revue une liste de techniques. Celles-ci sont attribuées aux niveaux 1, 2 et 3. Le niveau 1 décrit un niveau de connaissances qui permet de supposer qu’une personne peut se déplacer en toute sécurité sur le terrain et sur une corde. En outre, cette personne est capable de construire des systèmes de cordes simples et, avec une supervision, elle est un membre important d’une équipe de sauvetage. Une personne de niveau 2 est capable de créer des systèmes plus complexes. C’est au niveau 3 que la complexité des systèmes est la plus grande. En outre, une telle personne peut également diriger un groupe et prendre les décisions qui s’imposent en cas d’urgence. « Il est important que nous établissions ici une norme valable au niveau international. À l’avenir, les équipes internationales seront probablement de plus en plus nombreuses à collaborer lors des opérations de sauvetage. Si, sur place, nous avons par exemple des équipes provenant de différentes organisations de sauvetage ou de différents pays, il est important de pouvoir répartir rapidement les gens selon leur niveau. Dans ce contexte, il est indispensable que nous disposions de normes internationales et que nous puissions ainsi éviter toute confusion inutile. C’est exactement ce à quoi nous voulons contribuer avec la certification ITRA », explique Patrice.
Les participants préparent le matériel pour les différents exercices prévus.
Des exercices pratiques pour acquérir de l’expérience
Ce matin-là, les questions sont peu nombreuses. Les tests théoriques effectués ensuite sur la tablette ne semblent pas non plus poser de problème. Il est donc temps d’attraper les EPI et de passer à la salle de formation. C’est ici, où les cordes pendent du plafond, où les mousquetons et autres équipements sont soigneusement rangés sur des étagères et des chariots, que se déroule le reste de la journée. Différents scénarios sont exercés, car le jour de l’examen, les participants doivent être en mesure, entre autres, de fabriquer un baudrier improvisé, de placer des points d’ancrage, de travailler avec un trépied, de construire des systèmes de poulies pour y descendre en rappel. Les techniques de nœuds sont le moindre des défis.
Afin que tout soit clair pour l’examen, Patrice passe rapidement aux premiers exercices. Pour cela, des cordes de différentes couleurs sont combinées avec des mousquetons pour former une première structure impressionnante. Un poids lourd est suspendu en bas. Des termes comme Norvegian Reeve et English Reeve sont évoqués. Les experts savent tout de suite de quoi il s’agit. Très vite, les échanges sont animés. L’attention se porte sur les détails. « En général, nous vérifions chaque système en termes de redondance. Tout doit être doublé, et si ce n’est pas le cas, nous devons faire en sorte de pouvoir créer de la redondance. En cas d’urgence, cela peut être une question de survie », explique Patrice. Il sait de quoi il parle. Il a lui-même suivi une formation de travaux en hauteur de niveau 1, 2 et 3. Il a ensuite travaillé comme grimpeur industriel avant de commencer à donner des cours IRATA pour Altimum Formation SA en 2015. Il a même participé à un sauvetage au Tessin lorsqu’un participant au canyoning a dû être secouru.
Les participants s’essaient à la première construction avec la plus grande attention. L’accent est clairement mis sur les détails.
Apprendre en relevant les défis
Patrice esquisse ensuite un autre exercice sur le tableau blanc. L’objectif est de construire une tyrolienne afin de pouvoir déplacer un mannequin dans une civière non seulement de gauche à droite, mais aussi de haut en bas. C’est la variante plus complexe de l’exercice précédent. Les professionnels se mettent rapidement au travail et en très peu de temps, le système est en place. Du moins presque. Car une fois de plus, il est clair que rien n’échappe à l’œil aiguisé de Patrice. Comme pour chaque exercice, le système est examiné avant d’être utilisé. Beaucoup de choses semblent bonnes. Mais il y a ce point d’ancrage qui… Les participants le devinent déjà : la redondance…
Pascal, le chef d’équipe de cet exercice, secoue la tête et dit : « Patrice trouve presque toujours quelque chose. Il nous fait remarquer tellement de choses. C’est un défi. Mais c’est bien, car cela nous permet de remettre en question nos procédures et nos systèmes et de les faire évoluer ». Après avoir brièvement assuré la redondance, cet exercice est terminé et le mannequin flotte de gauche à droite à une hauteur vertigineuse.
La construction d’une luge de secours est également une partie importante de la formation ITRA. Les participants construisent une luge de secours et apprennent l’importance de l’identification des points faibles et de l’amélioration continue des systèmes afin de créer une redondance.
Pour terminer la journée, Patrice veut que la tyrolienne soit construite au moyen d’un bipied. L’objectif est, encore une fois, de déplacer un mannequin en toute sécurité à une bonne hauteur. Un sacré défi, comme on le verra plus tard. Au début, tout se passe bien. Le bipied est rapidement en place et les cordes semblent correctement tendues. Lors du test, il s’avère que le mannequin peut être déposé sans difficulté au sol, mais qu’il ne peut pas être soulevé sur la saillie. Le bipied n’est pas assez haut sur la saillie. L’angle ne permet pas de soulever le mannequin. L’équipe se réunit pour discuter de la situation. Patrice résume ainsi la situation : « C’est bien si ça arrive. Nous testons nos systèmes et découvrons s’ils fonctionnent ou non – et ce, avant d’en avoir besoin à l’extérieur dans un sauvetage. On apprend beaucoup de ce genre d’expériences », et d’ajouter : « Je mets délibérément les participants au défi. Certes, je ne les mettrais jamais dans une situation dangereuse, mais il est important de se heurter à ses limites. Dans la théorie, beaucoup de choses sont claires, mais ce n’est qu’en les testant ici que l’apprentissage s’imprègne durablement ».
Pour terminer la journée, les participants construisent un bipied afin de pouvoir déplacer le mannequin en toute sécurité en hauteur.
C’est précisément pour cette raison que Patrice et les autres instructeurs d’Altimum Formation SA se lèvent tous les jours. Pour eux, c’est plus qu’un simple travail. Leur objectif est que les personnes qui viennent chez eux soient formées le mieux possible. Pour que non seulement les personnes à secourir soient entre de bonnes mains, mais que les secouristes eux-mêmes puissent travailler en toute sécurité. Les participants apprécient l’engagement de Patrice. En effet, bien que le cours ne dure officiellement que jusqu’à 17 heures, tous les quatre restent volontairement plus longtemps pour effectuer quelques exercices supplémentaires et travailler sur des thèmes individuels. Patrice ne peut cependant pas s’empêcher un sourire de satisfaction et déclare : « Si tout se passe bien demain et qu’ils obtiennent leur certification, je pense que nous nous reverrons dans trois ans ». Au plus tard à ce moment-là, les quatre devront suivre une journée de remise à niveau, comme c’est aussi le cas pour les détenteurs d’un diplôme de travaux en hauteur.
Avec les participants, Patrice passe en revue les succès et les défis de la journée, et résume une fois de plus les points auxquels il faut faire attention dans la pratique.