La Suisse propose maintenant plus de 50 parcs aventure. Le parcours d’accrobranche d’Interlaken qui, en saison, occupe dix guides, ne désemplit pas. Coup de projecteur sur un secteur en pleine croissance.

 

C’est le mois de juin. L’heure est aux voyages scolaires. La tendance se sent également au parc aventure d’Interlaken. Malgré l’heure matinale, la fréquentation est bonne et une classe de préadolescents enthousiastes se presse à la réception. Depuis quelques années, les parcs aventure sont en plein boom. Mais ces « parcours acrobatiques en hauteur » ne sont pas une nouveauté. Au 19e siècle déjà on expérimentait en France un parcours d’escalade dans le but d’entretenir la forme physique. Au milieu des années 60, les pédagogues par l’expérience ont découvert les avantages de cette aventure sécurisée dans le cadre de leur travail. Cette discipline a réellement démarré en tant qu’activité de loisirs au début des années 2000. L’association suisse des parcs aventure en liste plus de 50 sur son site web. 

« Rien qu’à Interlaken, nous comptons 25 000 à 30 000 entrées par an », calcule Christoph Estermann, Managing Director chez Outdoor Switzerland. Cette holding regroupe plusieurs prestataires d’activités en plein air, dont le parc aventure d’Interkaken. Mais le succès engendre également des exigences élevées. « Les jours de grande affluence, nous accueillons jusqu’à 380 personnes, ce qui occupe jusqu’à 10 guides », explique David Frautschi, directeur des opérations. 

Avant de s’élancer dans un parcours d’acrobranche, il faut comprendre et exercer le dispositif d’assurage et la poulie pour les tyroliennes. 

Quelques pas plus loin, un des employés du parc aventure explique avec patience aux écolières et écoliers comment utiliser la longe d’auto-assurage et la poulie pour tyroliennes. Du point de vue de la sécurité, la construction du parcours est également essentielle. Plusieurs normes et directives sont en vigueur. Mais l’organisation au quotidien est en majeure partie entre les mains des exploitants. David Frautschi fait l’estimation suivante : « Le secteur est désormais dans une phase de professionnalisation. Nous avons développé notre propre concept de sécurité interne. Nous y avons décrit avec précision ce qui pourrait se passer, ce qui pourrait être dangereux – et quelles sont les mesures que nous pouvons prendre. Cela comprend également le contrôle régulier et la documentation du matériel utilisé. » Les mesures sont apparemment efficaces – hormis quelques bleus et éraflures, les accidents sont très rares. 

Le sauvetage de visiteurs coincés au milieu d’un parcours fait partie du quotidien des guides du parc aventure d’Interlaken. 

Il y a tout de même une situation qui se présente régulièrement : les guides doivent se rendre sur le parcours et secourir certaines personnes qui n’arrivent plus à avancer. « Ça arrive environ deux fois tous les trois jours », estime David. « La prise de contact est presque l’élément le plus important. Mais ici à Interlaken, c’est parfois un véritable défi. À la belle saison, nous avons beaucoup de visiteurs internationaux. Depuis quelques temps, nous avons quelques guides qui parlent arabe, ça aide énormément. La communication est un facteur de sécurité important. » 

Souvent, la gestion du personnel est compliquée. De nombreux employés du parc font deux, trois saisons, puis cherchent un autre emploi. Aux yeux de Christoph Estermann, les parcs d’aventure ont d’autres côtés passionnants : « Les parcs d’aventure peuvent aussi être un tremplin. Sur le plan technique, le travail dans un parc aventure n’est pas très exigeant : il y a d’abord une formation interne, puis des cours de la Swiss Outdoor Association. Par contre, le personnel doit apprendre à gérer des groupes, et ce dans un cadre plus ou moins protégé. Ces personnes ont ensuite les compétences d’accompagner des activités plus exigeantes comme le canyoning ou le saut à l’élastique. » 

David Frautschi, directeur des opérations au parc aventure d’Interlaken, nous donne un aperçu inédit des coulisses de l’accrobranche. 

Un employé de parc aventure doit être en bonne forme physique et être formé aux mesures de sécurité. Mais, toujours aux yeux de David Frautschi, il y a un autre point crucial. « Pendant la haute saison, lorsque tu as déjà expliqué 27 fois que pour le parcours trois il faut avoir suivi l’instruction au saut, tu finis par avoir du mal à rester aimable. Il faut alors avoir une très grande batterie sociale ».  

Qu’est-ce qui fait qu’un parc aventure est réussi ? Christoph Estermann et David Frautschi ont la même réponse : chacun doit y trouver son compte ! Des parcours très faciles que les petits enfants peuvent maîtriser, mais aussi des difficiles. « Lorsque j’envoie un grimpeur expérimenté sur notre parcours noir et qu’il m’avoue ensuite qu’effectivement, c’était exigeant, alors je sais que nous avons réussi la construction de notre parcours », précise David. 

Mais la situation inverse est presque plus importante : « Nous avons volontairement investi dans des parcours vraiment faciles. En gros, dès qu’un enfant sait marcher, il trouvera un parcours qui lui convient. C’est aussi un critère qui fait que les gens sont prêts à payer plus. Pour parler plus concrètement, s’il y a la possibilité de faire une belle photo avec le baudrier pour grand-maman, les clients paient volontiers un peu plus, en comparaison à une offre sans assurage. » 

Les tyroliennes font définitivement partie des obstacles les plus appréciés de l’accrobranche. 

La classe de Lenzburg semble bien s’amuser : « Les tyroliennes sont géniales », s’enthousiasme un élève. « Et Flurin est presque resté bloqué vers les grosses cordes », déclare un autre avec malice. À part une élève pour qui c’est sa première expérience dans un parc aventure, tous les autres ont déjà gouté avec des amis ou en familles aux joies d’explorer la cime des arbres. Comme déjà mentionné, les parcs aventure sont en plein boom ! 

Ni David ni Christoph ne ressentent l’inquiétude de manquer un jour de clients : « Les parcs d’aventure sont à l’extérieur, il s’agit de faire de l’exercice en pleine nature. De plus, c’est une activité de loisirs durable, l’exploitation d’un parc aventure n’émet pratiquement aucune émission. Nous répondons ainsi à de nombreuses tendances de la société, je suis donc assez optimiste que la tendance actuelle s’inscrira dans le long terme. » 

David est également très satisfait de son travail. Cela fait plus de dix ans qu’il l’exerce. « Dans ma vie d’avant, j’étais jardinier. Les clients avaient toujours quelque chose à redire : la haie n’est pas droite, l’arbre trop grand. Ici, au parc d’aventure, l’esprit est tout autre. Les gens viennent ici pour s’amuser. Et on le sent, c’est probablement pour cela que je fais ce métier depuis si longtemps ». 

David Frautschi nous dévoile le stock de matériel du parc aventure d’Interlaken.